63 %. C’est la part de femmes européennes qui, en 2023, ont spontanément associé l’absence de barbe chez les hommes à une conformité sociale. Une donnée brute, qui ne laisse guère place au doute : dans l’imaginaire collectif, le visage lisse ne passe pas inaperçu. Moins d’un quart des répondantes, en revanche, y voient une marque d’authenticité ou d’individualité. Détail troublant : dans certains secteurs, la barbe continue malgré tout de s’afficher comme signe de leadership ou de créativité assumée.
Ce contraste révèle une évolution complexe des critères d’attirance, où les normes de présentation entrent en tension avec la recherche de singularité. Les résultats de cette étude questionnent les codes en vigueur et soulignent les paradoxes entourant la perception masculine dans la société contemporaine.
Plan de l'article
- Regards croisés sur la pilosité masculine : entre normes et évolutions sociétales
- Pourquoi l’apparence rasée de près fascine-t-elle autant aujourd’hui ?
- Études récentes : ce que les préférences féminines révèlent sur la mode et l’identité
- Authenticité, genre et séduction : repenser les codes de la beauté moderne
Regards croisés sur la pilosité masculine : entre normes et évolutions sociétales
La barbe s’est invitée dans la mode masculine ces dernières années, mais l’équilibre reste fragile. Le visage rasé de près opère son retour, ramenant une esthétique sobre, presque intemporelle. Si l’on regarde la tranche des 25-34 ans, plus de 90 % arborent une barbe, tous styles confondus. Cette pilosité intrigue, séduit, rassure… mais divise aussi. Tout dépend du cadre, de la génération, des références. Le style masculin s’écrit sur une partition mouvante, où la masculinité et la féminité glissent au gré des réseaux sociaux, des modèles et des archétypes contemporains.
La France voit 33 % des femmes séduites par la barbe de trois jours, tandis que la version dix jours ne convainc que 10 %. La barbe longue, elle, séduit moins de 1 % des Françaises. Outre-Manche, le visage parfaitement rasé s’impose encore auprès de 43 % des femmes britanniques (source : enquête récente). L’Italie, elle, refuse de trancher : la diversité des styles l’emporte sur toute norme figée.
Voici comment les études catégorisent les préférences en matière de pilosité masculine :
- Barbe de cinq jours : souvent jugée sexy, associée aux rencontres sans lendemain
- Barbe de dix jours : préférée pour les histoires qui durent
Le genre s’affine, s’exprime, se réinvente. Les hommes chauves, quant à eux, héritent d’une image de domination, de force, d’assurance, à l’instar de figures comme Jason Statham ou Zinedine Zidane. La pilosité, loin d’être un simple caprice esthétique, structure le rapport à la beauté et révèle la tension permanente entre conformité et désir de se distinguer.
Pourquoi l’apparence rasée de près fascine-t-elle autant aujourd’hui ?
Le visage rasé de près s’impose discrètement, presque à rebours de la vague barbu. Près d’une femme sur deux déclare préférer cette apparence chez les hommes. Voilà une donnée qui ne prête pas à confusion. Dans la vie contemporaine, se raser ne relève plus seulement de l’hygiène ou de la tradition. C’est un choix réfléchi, qui traduit la maîtrise de soi, le souci de l’image, la volonté de maîtriser ce que l’on donne à voir.
Le visage lisse rassure. Il inspire confiance. Il véhicule une idée de fraîcheur, parfois de jeunesse, et même de neutralité. Sur le terrain professionnel, les hommes sans barbe sont souvent perçus comme plus fiables, plus ouverts, moins dans la démonstration de puissance ou la revendication de la virilité classique.
Les femmes, selon leur âge ou le contexte, expriment des préférences nuancées. Mais une tendance persiste : le visage glabre gagne la faveur lorsqu’il s’agit d’envisager une relation durable. À l’inverse, la barbe de trois ou cinq jours est plutôt associée à l’aventure ou à la séduction éphémère. Le choix du rasage reflète donc une tension entre héritages traditionnels et aspirations d’aujourd’hui. Séduire, désormais, c’est aussi une question de lignes épurées.
Études récentes : ce que les préférences féminines révèlent sur la mode et l’identité
Les chercheurs de l’IFOP et de l’université du Queensland ne cessent d’analyser la pilosité masculine sous toutes ses coutures. Premier constat marquant : le visage rasé de près plaît à 43 % des femmes britanniques, loin devant la barbe longue, qui peine à franchir la barre du 1 %. En France, la barbe de trois jours séduit 33 % des femmes, tandis que la version dix jours ne retient que 10 % des suffrages. Plus la barbe s’étire, moins elle attire. Fait notable : à Brisbane, la barbe de dix jours est jugée plus sexy et s’impose comme la préférée pour une relation stable, alors que la barbe de cinq jours reste associée à la rencontre éphémère.
Tableau de préférences (France et Grande-Bretagne)
| Style | France (% femmes) | Grande-Bretagne (% femmes) |
|---|---|---|
| Visage rasé de près | 50 | 43 |
| Barbe de trois jours | 33 | 21 |
| Barbe de dix jours | 10 | – |
| Barbe longue | <1 | – |
Les grandes enquêtes menées par Barnaby Dixson apportent une nuance supplémentaire : les hommes homosexuels expriment une préférence plus marquée pour la barbe que les femmes interrogées, révélant d’autres rapports à la masculinité et à l’attraction. Chez les jeunes femmes, les avis se partagent. Entre images véhiculées sur les réseaux sociaux et attentes du quotidien, la pilosité masculine devient un terrain d’expression du genre, de la séduction, de la modernité. La barbe longue s’exhibe, mais ne s’impose jamais vraiment dans le palmarès féminin. Le rasage de près, lui, reste solidement ancré comme référence de la beauté masculine contemporaine.
Authenticité, genre et séduction : repenser les codes de la beauté moderne
La pilosité masculine, aujourd’hui, raconte une histoire tout en nuances. Celle d’un genre qui se redéfinit, de frontières qui se déplacent, de modèles qui s’inventent. Longtemps associée à la virilité, à la maturité, voire à l’autorité, la barbe n’est plus seulement un signe extérieur masculin : elle devient accessoire, statement, parfois manifeste. Le visage rasé de près, lui, évoque la propreté, la disponibilité sociale, la neutralité, une sorte de toile blanche où chacun projette ses propres attentes.
Sur la question des préférences, les femmes relient la barbe à la capacité d’un homme à rivaliser pour les ressources, mais la voient souvent comme une gêne lorsqu’elle prend trop de place. Les hommes, de leur côté, craignent de manquer de pilosité, perçue comme un signe de fragilité ou d’immaturité. Les pratiques diffèrent : en Suisse, 82 % des femmes rasent leurs aisselles contre 48 % des hommes ; pour les jambes, l’écart se creuse à 80 % contre 9 %. La pilosité pubienne, elle, gagne du terrain : 55 % des Autrichiens et 74 % des Autrichiennes y prêtent attention.
Les icônes, elles, continuent d’influencer les représentations, sans jamais tout dicter. Claude Monet, Édouard Philippe : barbes assumées. Jason Statham, Vin Diesel, Dwayne Johnson, Zinedine Zidane, Bruce Willis : crânes lisses et charisme indiscutable. La beauté masculine d’aujourd’hui se construit sur une palette large, entre affirmation de soi et adaptation subtile aux regards croisés. Et demain, quelle sera la prochaine frontière ?



































